mercredi 4 mars 2009

Réflexions sur le mouvement social en cours

en Guadeloupe et en Martinique

Difficile de croire que ce soit un hasard si la grève et le mouvement social ont débuté en Guadeloupe le 20 janvier 2009 jour où l’Amérique, a donné au monde une grande leçon, en désignant son Président. Avec cette élection il n’est plus possible de voir le monde tout à fait de la même façon qu’avant.

Les Guadeloupéens, comme aujourd'hui les Martiniquais, se sont mobilisés en masse pour exprimer un sentiment de ras le bol devant la crise, et la baisse de leur pouvoir d'achat, "la vie chère". Ils se sont aussi mobilisés pour une "demande qualitative" qui traduit une demande de dignité et de plus de responsabilité dans les entreprises les administrations et la vie politique.

Le peuple s’est invité a débarqué à l’improviste et nous dérange écrit Monchoachi, ce poete militant qui demande la continuation du mouvement, « occasion inespérée de construire autre chose, d’appendre à vivre autrement, ... de se retrouver et de se parler ; de parler non seulement de salaires à augmenter, mais de la façon de Nous vivre. » Difficile de résister au lyrisme quand il vise juste.

Seulement la réalité des choses est bien plus pragmatique. Trouver des solutions à cette situation de vie chère n'est pas simple, dans une économie largement artificielle, en situation de crise généralisée. Cette situation ne peut s'expliquer par la seule désignation de "profiteurs", même si ceux ci existent. En outre il sera difficile de trouver une réponse effective à toutes les revendications surtout si dans ce contexte conflictuel les échanges ne répondent pas à ce qui est dit, mais à ce qui est supposé avoir été signifié. Quand les mots perdent leur sens les échanges se croisent sans jamais se rencontrer. La négociation sur les produits et les familles de produits en est un exemple malheureux puisqu’il bloque toute évolution du conflit. Et ce n’est probablement pas la proposition d’une liste unilatérale de 100 produits qui facilitera la reprise du dialogue. Quant à changer la vie, c’est encore plus complexe encore. Les revendications qualitatives ne sont pas faciles à satisfaire immédiatement, car elles nécessitent non seulement des décisions, mais des modifications en profondeur de notre société.

Or plus le conflit va durer plus on observera de réelles difficultés et non de « menues gênes » auxquelles seront confrontés les plus fragiles de notre société, et cela est valable pour les hommes comme pour les entreprises.

De même que l’élection d’Obama a modifié notre vision, de même l’importance de la mobilisation des masses, la parole qui y a été prise à changé la façon dont on doit voir désormais la situation en Martinique et en Guadeloupe. C’est faire injure à la population de la conduire à d’autres sacrifices en croyant qu’il lui faudrait encore du temps pour s’en apercevoir.

Dans l’intérêt de la Martinique et des martiniquais, Il faut donc trouver, à la fois une réponse juste et durable à cette crise insupportable qui frappe un grand nombre, et les voies d’un dialogue social qui puisse se poursuivre au delà de l’épreuve de force actuelle.

Il est de la responsabilité historique de ceux qui sont autour de la table de négociation de proposer ces réponses et les voies d'un dialogue social.

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