mercredi 4 mars 2009

Refusons de constituer un bouc émissaire

Cette émission de Canal+ a généré un véritable désordre dans la société créant un risque de « tous contre tous ». Un mécanisme bien connu a déjà conduit à la désignation d’un « bouc émissaire », qui va détourner l’opposition du « tous contre tous » en une opposition de « tous contre un ».

Ayant très jeune refusé de faire de différences dans le Poitou entre « protestants ou catholiques»; et ici en Martinique entre « noirs ou blancs », j’ai bénéficié dans la société martiniquaise d’une position exceptionnelle pour observer son évolution. J’ai profité de cette liberté, même si j’en ai aussi payé ce prix fort qu’on réserve aux « boucs émissaires ». Je ne regrette rien.

Aussi en ce qui me concerne parce que de tout temps je me suis battu contre le racisme ordinaire, je condamne sans réserve les propos tenus, mais je refuse aussi totalement de m’associer à la constitution d’Alain Despointes en tant que « bouc émissaire ».

On ne peut pas restreindre la vie d’un homme de son âge et vu ce qu’il a créé à la Martinique, à ces seuls propos.

Refusons de nous enfermer dans l’hypocrisie. On ne peut pas justifier les propos tenus, mais on peut les expliquer. Cet homme âgé a toute sa vie vécu dans une idéologie raciale rarement remise en cause, qui reflétait la façon dont a fonctionné le milieu béké, précisément jusqu’à une période récente où il commence tout juste à opérer une timide transformation.

Ceux qui aujourd’hui dans le milieu béké, se désolidarisent à juste titre des propos qu’a tenu Alain Despointes ne peuvent pas accepter de bonne foi de laisser cet homme jouer le rôle de bouc émissaire.

Il est responsable de ses propos. Mais nous sommes tous responsables du racisme ordinaire des nôtres, tant que nous l’avons pas combattu , nous a rappelé Juliette Sméralda, et c’est ce message qu’il faut faire passer dans le dialogue entre nos différentes communautés.

Je sais que les martiniquais comprendront ce que j’ai voulu ici exprimer qui n’a rien à voir avec l’acceptation de propos indignes, même si le temps n’est pas à l’expression des nuances. Il faut parfois du courage pour ramer à contre courant.

On laissera donc la justice se prononcer puisqu’elle est saisie.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire