mercredi 4 mars 2009

Vivre autrement

Avec le déroulement de la crise sociale, et la libération de la parole des békés saisiront ils l’occasion inespérée de construire autre chose, d’appendre à vivre ensemble autrement ? Le décryptage de l’émission de TV de Canal+ sur « Les derniers maîtres de la Martinique » pourrait paradoxalement y contribuer.

Je pense tout d’abord que lors de cette émission ont été prononcés des propos ignobles sur l’esclavage et le métissage qui ont gravement blessé la quasi totalité des martiniquais. L’on ne peut pas accepter de tels propos racistes.

Je m’associe à tous les martiniquais meurtris et donc aussi à la pétition signée par un grand nombre de membres de la communauté béké « choqués et blessés » par les propos inacceptables qui ont été tenus dans l’émission diffusée

J’ajoute que je suis d’autant plus à l’aise pour m’associer à cette pétition que membre par ma mère de cette communauté béké, j’ai aussi le bonheur d’avoir des neveux, des nièces et une petite fille, métissés, j’ai donc été choqué et blessé dans ma propre famille. Il existe donc des békés un peu à part. J’y reviendrai plus loin.

La télévision est un média redoutable. Monter des images c’est proposer une vision. Cinquante deux minutes ont été choisies, montées et présentées par Canal+, sur plus de cinquante heures de tournage. Cette vision débute par la présence symbolique de quelques békés, avec les officiels lors des funérailles d’Aimé Césaire. (J’y étais, mais dans la foule des anonymes, des sans grades). Le film déroule ensuite une série de séquences soigneusement montées.

Je suis convaincu que les martiniquais parce que ce sont des gens d’une certaine pudeur (on lave notre linge sale en famille), ont été choqués que ce soit un étranger à notre société qui vienne dévoiler devant eux une réalité connue ou soupçonnée et quelque peu tabou. Pour tous ceux qui veulent bien le reconnaître comme dit la sociologue Juliette Sméralda-Hamon dans une chronique dans le France Antilles du samedi 14, le reportage de Canal+ enfonce néanmoins des portes ouvertes. Mais il a révélé au grand jour des pratiques connues, mais qui, montrées à la TV par un journaliste métropolitain, ont fait très mal à ceux qui ont regardé cette émission.

Ce journaliste en était conscient selon son interview (www.fxgpariscaraibe.com/article-27521424.html) « Si ça soulève des passions, c’est probablement parce qu’on appuie là où ça fait mal, parce qu’on s’intéresse à une question un peu tabou. Oui, on s’est intéressé en Martinique aux rapports entre les anciens colons et les anciens esclaves. »

Puisqu’il s’agit du vrai sujet, ne l’esquivons pas. Je crois qu’il faut que le milieu béké au lieu de se crisper accepte d’aller plus loin dans sa tentative actuelle de se rapprocher de tous les martiniquais et pour cela accepte de se dévoiler un peu plus, et montre en quoi il a déjà évolué ces dernières années.

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